Témoignage sur la fibromyalgie

Posted on 18 août 2012

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 Bulletin fédéral de la FEQGAE n° 26

Recherche et réflexion page 18

Marika âgée de 80 ans en perte de mobilité

 J’ai trouvé un soir en rentrant chez moi un message étonnant… une voix lente, âgée, un peu tremblante et toutefois posée, au timbre doux…Une vieille Dame souhaitait savoir si, « à son âge » on pouvait commencer le Taï Ji et le Qi Gong. Elle me disait que c’était son rêve et me précisait qu’elle avait des difficultés à marcher dues à des problèmes d’équilibre, que la position debout la fatiguait, que d’ailleurs elle se fatiguait très vite, et qu’elle ne pouvait pas lever un bras, complètement bloqué depuis longtemps.

Vu ce qu’elle décrivait de son état, je doutais à l’époque pouvoir faire quelque chose pour elle, mais je l’ai rappelée, pour ne pas laisser son message sans réponse et parce que sa voix et sa demande m’avaient touchée.

Par une heureuse « coïncidence », quelques semaines auparavant, j’avais lu un article sur une expérience intéressante ayant pour base le « mouvement ana cinétique » pratiquée en rééducation psychomotrice. On y incitait des patients, totalement immobilisés sur leur lit à la suite de graves accidents, à faire des mouvements « avec l’idée » c’est-à-dire qu’ils imaginaient bouger le bras, ou la main ou toute autre partie du corps (alors même qu’ils en étaient physiquement incapables). Cela, allié à un travail de relaxation et de perception interne du corps, a eu pour résultat une moindre déperdition de leur masse musculaire, et une récupération beaucoup plus rapide que le groupe témoin auquel on n’avait pas proposé ce type de travail.

Le lien entre mouvement ana cinétique et la pratique de l’intention, du Yi (l’intention), dont nous sommes coutumiers en Qi Gong m’a tout de suite semblé évident même si je ne les identifie pas l’un à l’autre, chacun ayant son contexte d’émergence et son terrain d’expérience.

J’ai donc pris contact avec Marika, en précisant que je n’avais pas de garantie à lui offrir ; n’ayant aucune pratique directe, je ne pouvais que lui proposer cette expérience et elle a été désireuse de tenter l’aventure avec moi. Nous avons convenu de nous rencontrer en séances individuelles car il me semblait impossible de l’inclure, en cours d’année, dans un groupe de personnes valides ayant déjà une pratique du Tai Ji et du Qi Gong. Je lui ai toutefois fait rencontrer le groupe des autres pratiquants et elle restait parfois tranquillement assise à nous observer après sa propre pratique avant de rentrer chez elle. Nos séances duraient environ une heure, une fois par semaine.

Je lui ai fait pratiquer beaucoup de visualisation, de relaxation, de respiration, et pratique de l’Intention… avec ce fameux « travail ana cinétique » expérimental en toile de fond, et des mouvements doux et fluides de Qi Gong en respect de ses limites ; travail debout, assis ou allongé, ainsi que des auto-massages. Après 2 séances, elle a été capable, de lever son bras bloqué et notre joie a été grande.

Le reste de l’année a été consacré à continuer cette dynamique. Suivant les jours, son bras était plus ou moins libre, son équilibre plus ou moins important, avec régressions et progrès et un parcours riche et intéressant… pour nous deux (car j’étais moi, aussi très heureuse de ses résultats et intéressée et motivée par cette expérience). De son avis, ce travail lui a fait beaucoup de bien, elle se sentait plus « en amitié » avec son corps, parvenait à bouger plus librement et elle avait récupéré la mobilité de son bras (partielle lors de certaines séances, totale à d’autres). Elle trouvait aussi que ces séances lui faisaient du bien au moral.

Marie José, agée de 65 ans  et souffrant d’une fibromyalgie.

J’ai accepté de travailler avec Marie José quand elle m’a appelée pour me faire une demande de travail « travail énergétique tooïste » avec la même réserve toutefois, je ne connaissais pa non plus cettee maladie et je n’avais pas d’expérience directe avec ce genre de malades.

Visualisation, relaxation, auto-massages, mouvement ana cinétique et transfert latéral de compétences ainsi que, à sa demande, des soins manuels. Nous avons ainsi travaillé ensemble 2 ans et des améliorations, là aussi se sont produites.

Elle ne parvenait pas à lever les bras (les deux) au début de notre rencontre, ce qu’elle a pu faire assez rapidement par la suite, d’abord, d’une façon saccadée puis de plus en plus librement, même si la fluidité ne s’est pas installée complètement.  à ses dires, elle se sentait « portée » par ces séances et elle a trouvé « une douceur avec elle même »… qu’elle ne s’était jamais accordée.

Marie José a eu des résultats très probants mais elle n’est parvenue que rarement à pratiquer seule en dehors de notre heure commune ce qui rendait ses progrès fragiles. Puis un déménagement de mon côté et des changements pour elle aussi a mis nos séances entre parenthèses.

Elle m’a contacté récemment pour reprendre des séances avec moi.

Une pratique régulière est le garant d’une réelle amélioration, et la plupart des personnes âgées ou malades ont besoin d’être activement accompagnées, mais il est déjà difficile à la plupart des gens d’avoir une pratique personnelle sans guidance et soutien…

Je ne cherche pas à faire croire que ce travail est miraculeux. ni n’a « guéri » la fibromalgie de Marie José. Toutefois, la pratique du Qi Gong lui a fait du bien et en prolongement des séances, elle a trouvé une nouvelle qualité de rapport avec elle-même, un meilleur moral et une autre façon de vivre son corps en difficulté… qui perdure.

Ce type de travail peut aussi s’effectuer dans le cadre d’une maison de retraite, et s’adresser tant au personnel qu’aux résidents ; Il est alors souhaitable de faire 2 groupes :

Un premier groupe avec les résidents les plus fragiles, ayant des problèmes d’équilibre et de motricité, qui ont évidement besoin d’une autre approche, moins « physique » (comme celles citées dans ce document) que les personnes âgées encore valides.

Pour le deuxième groupe, il est possible de « mélanger les publics ».

Mon approche à des personnes valides permet alors une pratique alors tout à fait « classique » de Qi Gong et Taï Ji Quan. Ce groupe peut donc s’adresser aussi bien au personnel qu’aux personnes âgées résidentes ; les personnes ressources, celles qui aident les autres, les soulèvent pour les toilettes et les soins pouvant elles aussi bénéficier de ces pratiques, soulager leurs maux de dos en apprenant à se repositionner dans leur gestuelle de travail si besoin est. Partager pratiques et bonne ambiance qui règne dans ces activités rapproche les personnes et améliore aussi leur relation aux autres… 2 séances par semaine (voire plus !) est un idéal, 1 fois est le minimum.

Hélène Zimmermann