Médecine chinoise

Posted on 19 août 2012

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Quelques explications 

La représentation du Ciel et de la Terre est omniprésente dans le fonctionnement, ici et maintenant, de chacune des cellules de l’organisme, de chacune des respirations, de chaque noyau cellulaire.

Ces souffles célestes et terrestres s’agglomèrent en une entité‚ de forme humaine, leurs diversifications assurant les infinies manifestations d’une seule et même source insaisissable. Une seule origine pour une infinité d’individus dissemblables et uniques au fonctionnement identique…

De ces deux aspects contrastés bipolaires yin – yang qui rythment l’alternance (à la manière d’un pendule) des oscillations des souffles, naît la dichotomie en chaud-froid, en extérieur-intérieur, avers- revers, haut-bas, dilaté-contracté, mou-dur, écoulement-accumulation, etc., le yang étant d’essence Ciel et le yin d’essence Terre.

« Le yang est léger et pur, c’est de l’énergie qui flotte en haut et dont le ciel est formé ».

« Le yin est épais et lourd, c’est ce qui a pris forme et s’est concrétisé pour former la terre ».

En pratique, la médecine s’intéresse surtout à la circulation de ces souffles ou principes-animateurs de toutes les fonctions anatomiques, biologiques, nucléaires et autres dans des secteurs préférentiels de parcours qu’on appelle méridiens d’acupuncture, eux-mêmes branchés sur des zones de condensation de ces souffles appelés points d’acupuncture.

Ces méridiens peuvent vectoriser des souffles, dont la qualité porte le nom du méridien qui le guide. Canalisant du sang, voire même de la lymphe, voir même des courants électromagnétiques ou autre type de médiateurs, chaque méridien résume en lui seul le parcours oscillatoire de la vitalité qui va permettre aux différentes fonctions du corps de se faire.

On traduit habituellement les termes chinois jing-luo par vaisseau méridien, jing par méridien, c’est-à-dire trajet d’énergie ou espace de parcours d’une vitalité bien spécifique, et luo par vaisseau, c’est-à-dire trajet de sang et de lymphe ou espace de parcours d’une substance bien défini.

Voici les principales fonctions des reins, selon le point de vue de la médecine chinoise.
Ils thésaurisent les essences ou substances fondamentales de la vitalité.
Les essences sont de trois sortes : les essences sexuelles du père et de la mère (dites du ciel antérieur), les essences de nutriment alimentaire et respiratoire (dites du ciel postérieur), essences accumulées au niveau des cinq organes et des six entrailles. L’essence met en œuvre et déploie la force vitale, elle assure la production et fait croître. L’essence se transforme en souffle des reins. Ils sont la source de la reproduction, du développement en assurant la procréation.

Les reins représentent en fait la force profonde, réceptacle de l’eau et du feu authentique.
Ils commandent les os et les moelles y compris le cerveau, c’est-à-dire qu’ils produisent et engendrent ces deux tissus, assurent la puissance de l’ossature et donc sont responsables de l’armature du corps, gouvernent le subtil, profond, caché, enfoui.

Ils commandent les cinq liquides interstitiels profonds (YE) et, en particulier, ils reçoivent les liquides « troubles » : la partie « trouble » des liquides « clairs » qui vient des poumons. Ils vaporisent la partie « claire » des liquides « troubles » vers les poumons (source inférieure de l’eau). Ils reçoivent l’énergie du haut : ils contrôlent l’inspiration. Ils assurent le savoir-faire, l’habileté, le talent, l’agilité, la vivacité d’esprit, la vigueur et la puissance, c’est-à-dire la force. Ils donnent la force à l’audition, rendent les cheveux brillants. Ils participent à la dentition. Par le rein droit, appelé Ming Men, ils participent à la racine de la destinée vitale. Le rein droit est dit le tronc où s’enracine le ciel antérieur. Le rein droit est également le dépôt du sperme chez l’homme et des ovules chez la femme (il peut être assimilé aux organes génitaux internes).

D’une manière générale, le yin des reins nourrit et humidifie tandis que le yang réchauffe et permet les métabolismes et les fonctions. Les reins s’apprécient aux lombes, à la force des os, à la vitalité, à la qualité de la mémoire, à la vivacité d’esprit et la qualité des dents, à la sexualité et à la force dans les genoux.

Le rein est balancé entre deux forces :

citons trois exemples de couplage antagoniste et complémentaire : 
la peur
 contrebalancée par la pensée réflexive ou méditative
le froid
 contrebalancé par le sec

le salé contrebalancé par le doux.

Ces deux forces tonifient ou dispersent l’organe.

Le cœur est le maître et le gouverneur des douze charges de toutes les activités vitales de l’organisme.
Il a la charge de souverain-maître, c’est-à-dire qu’il est le chef suprême des cinq organes et six entrailles desquels émane la paix.

Le cœur est le pivot central des activités de la pensée et des sentiments, il commande le rayonnement de la vitalité, l’éclat de l’esprit de la conscience, de la pensée, l’intelligence, la sagesse et la parole. Il est en effet considéré comme le lieu de résidence principale des esprits vitaux. Il permet à la pensée d’être vive et à l’esprit d’être clair.
Il permet de prendre conscience et de percevoir les informations qui viennent de l’extérieur.
Il assure l’unité de l’individu. Il commande la circulation des canaux qui vectorisent le sang et l’énergie.
Le cœur fait démarrer et dirige la circulation dans ses trajets d’énergie.
Le sang est dit être sous dépendance du cœur.
Le cœur se manifeste par l’éclat du teint, par la plénitude et l’abondance des trajets d’énergie.

Le cœur est balancé entre deux sortes d’énergie : la joie contrebalancée par la peurle chaud contrebalancé par le froidl’amer contrebalancé par le salé.

En pratique : la joie de vivre, la qualité morale, l’esprit d’entreprise, l’intelligence, la vigueur du cerveau (logis du conscient) et sa vitalité.

Le poumon a la charge de commander les souffles, c’est-à-dire ce qui permet l’animation vitale de l’homme. On dit qu’il dirige l’énergie de la respiration et de tout l’organisme.
On le dit maître des souffles, en l’occurrence les souffles essentiels provenant de l’alimentation solide et liquide transformée par la rate, des souffles de la nature qui rentrent par la respiration. Les deux souffles se réunissent au milieu du thorax et font ce qu’on appelle des souffles ancestraux (ou souffle Zong) qui président à la ventilation et la respiration.
Par respiration, on entend tous les mouvements de diffusion de haut en bas, d’intérieur en extérieur et de la superficie vers la profondeur.
Le poumon a la charge des ministres et de l’assistance, c’est-à-dire celui qui aide le prince et le maître qui est le cœur pour assurer la constance des fonctions des cinq organes et des six entrailles. En effet, il y a assistance mutuelle : le poumon aide le cœur à faire circuler et distribuer le sang.

C’est le poumon qui fait s’abaisser les souffles, il assure ainsi les communications et la régulation des cheminements des eaux, par l’intermédiaire de la voie des eaux qui part du réchauffeur supérieur vers le réchauffeur inférieur. Il contrôle ainsi les descentes et les éliminations vers le bas

Le poumon commande la peau, les poils et les pores de la peau, précisément appelée porte du souffle. Il réchauffe et humidifie. On dit que le poumon régit la diffusion des souffles du sang et des liquides organiques.

Le poumon assure la charge des transmissions ministérielles (Xing chun), c’est-à-dire qu’il agit en sous-ordre, délégué par le cœur et le Ministre du cœur pour apporter sa participation à la nutrition du corps et à l’évacuation des déchets en liaison avec l’énergie et le sang. Dans la liaison avec le cœur, c’est ce dernier qui domine. En ce sens, le poumon transmet, propage et fait le relais.

Le poumon est équilibré par deux énergies : le chagrin contrebalancé par l’excitation joyeuse, la chaleur contrebalancée par le froidl’âcre et le piquant contrebalancés par l’amer.

En pratique : la maîtrise de la vitalité, les chocs psychiques.

Le foie a la charge du commandement des armées, il permet l’analyse de la conjoncture et la conception des plans. Il prévoit, projette et délibère…

Il fait progresser et circuler, il assure le mouvement et la mobilisation. Le foie thésaurise le sang et régularise la masse sanguine (au repos le sang retourne au foie). Il commande les mouvements des muscles et des tendons, il assure tout ce qui permet la mobilisation. Le foie est comme le général qui agit juste car il permet de prévoir à bon escient.

Le foie est balancé entre deux forces complémentaires : la colère contrebalancée par la tristesse, le vent contrebalancé par le sec et l’acide, par l’âcre ou le piquant.

En pratique : la sexualité physique, les muscles.

La vésicule biliaire est l’entraille du souffle « clair » du milieu (le milieu, c’est le système digestif, le « clair » est l’essence la plus pure extraite de l’alimentation et de la respiration) ; elle contient et stocke les sucs essentiels « purs » yin.

Elle a la charge du juste et de l’exact, l’esprit de détermination, la décision et la sentence du choix, de la rectitude médiane, de l’arbitrage dans la pensée. La vésicule biliaire protège contre les mauvaises influences, élimine les frayeurs, les peurs, les excitations de l’esprit, ce en quoi elle harmonise et régularise les accords entre les différents organes en calmant les excitations.

Elle maintient et contrôle la circulation normale du souffle et du sang. Elle est le starter de toute action ou de toute manifestation.

En pratique : le courage, l’audace, l’intrépidité, la combativité, le spasme, la douleur.

La vésicule biliaire est l’entraille du souffle « clair » du milieu (le milieu, c’est le système digestif, le « clair » est l’essence la plus pure extraite de l’alimentation et de la respiration) ; elle contient et stocke les sucs essentiels « purs » yin.

Elle a la charge du juste et de l’exact, l’esprit de détermination, la décision et la sentence du choix, de la rectitude médiane, de l’arbitrage dans la pensée. La vésicule biliaire protège contre les mauvaises influences, élimine les frayeurs, les peurs, les excitations de l’esprit, ce en quoi elle harmonise et régularise les accords entre les différents organes en calmant les excitations.

Elle maintient et contrôle la circulation normale du souffle et du sang. Elle est le starter de toute action ou de toute manifestation.

En pratique : le courage, l’audace, l’intrépidité, la combativité, le spasme, la douleur.

La rate a les fonctions suivantes : transport ou transit, transformation des nutriments liquides et solides (aide l’énergie de l’estomac à digérer et assimiler les céréales), diffusion des produits de transformation (Jing wei).
La rate produit, rassemble et contient le sang, c’est-à-dire l’empêche de quitter les vaisseaux. Elle préside et dirige, en sens de direction, au sang. La rate distribue les liquides organiques, enrichit le souffle, commande les cinq saveurs. Elle élève les souffles et liquides « clairs » et abaisse les liquides « troubles », elle commande la force des quatre membres, la morphologie et l’épanouissement du corps. Elle assure la chaleur des organes, elle est dite tiédir les organes. Elle est chargée du ravitaillement. La rate est le ministre qui montre les fautes et parle d’équité : le savoir en sort.
Les fonctions de la rate sont balancées entre deux forces : le vent contrebalancé par l’humidel’acide contrebalancé par le doux et la colère contrebalancée par la pensée méditative.
En pratique : l’idéation, le concept, la compréhension, l’imagination, la concentration de l’esprit, la forme corporelle, la purification du sang.

L’estomac assure la réception des aliments solides et liquides. Il est la mer des liquides et des céréales.
Il entame la digestion (c’est-à-dire fragmentation, tamisage, putréfaction, fermentation, cuisson).
Il se charge de l’assimilation et de l’élaboration des cinq saveurs.
Il a une fonction d’abaissement, au contraire de la rate.

La fonction de l’estomac est celle de la capacité d’entreprendre et d’élaborer.

En pratique : l’apport de nourriture solide, liquide, aérienne, la fonction thyroïdienne.

Le triple réchauffeur n’a pas de forme propre. Il se définit comme une fonction au niveau du tronc c’est-à-dire au niveau du thorax, de l’abdomen et du petit bassin.

Cette fonction est multiple. Il s’agit de permettre l’entrée et les sorties des solides et des liquides, de répartir toutes les activités de transformation des souffles du corps humain, de faire circuler tous les liquides et permettre qu’ils y circulent librement, c’est-à-dire qu’ils puissent irriguer tout le corps.

Le triple réchauffeur a également pour fonction de soutenir les souffles originels qui sortent à Ming men, lieu de réunion du feu authentique du ciel antérieur (équivalent au potentiel de l’hérédité, au sens large). C’est ainsi qu’il est dit commander le feu-ministre du Shao yang. Le triple réchauffeur conduit ces souffles originels de Ming men, en assurant leur répartition dans tout le corps, afin que les organes et les entrailles puissent fonctionner.

Il tient sous son autorité les souffles de l’estomac dits du ciel postérieur, c’est-à-dire qui apportent la vitalité et l’énergie à tous les organes.

Il s’exprime de façon ternaire : le supérieur, le moyen et l’inférieur.

Le réchauffeur supérieur a la particularité de distribuer et diffuser les souffles afin qu’ils emplissent tout l’espace.

Il commande la réception et l’introduction des nutriments, il répartit les souffles des aliments dans tout le corps.
Il réchauffe, il entretient les chairs, les peaux, les os et les muscles afin qu’il y ait une bonne connexions entre ces différents tissus.

Le réchauffeur moyen a pour but de transformer les liquides et les céréales en les laissant macérer, en les cuisant et en assurant la putréfaction.

Le réchauffeur inférieur sert à l’évacuation. Il sépare par filtrage et tamisage ce qui est nécessaire de ce qui est déchets.
Il a tendance à favoriser l’évacuation vers le bas et, en particulier, celle de tous les déchets.

En pratique : on pense au triple réchauffeur à propos de crispation, irritabilité, nervosité, vitalité, « ressort », enflure.

Le Maître du cœur, c’est toute la fonction cardio-vasculaire proprement dite.
C’est le bras droit du cœur centre (du rythme), c’est-à-dire le péricarde, les vaisseaux du cœur, le système nerveux du cœur, la micro circulation, tout ce qui permet au cœur d’irriguer (d’apporter la vie) son environnement.

En pratique : les vaisseaux, la circulation, le cœur, les organes génitaux internes, le nerf pneumogastrique.

L’activité physiologique du corps humain, en un mots la santé,
est le fruit d’une relation harmonieuse d’unité
d’opposition des deux principes yin-yang.
En particulier, l’essence yin engendre l’énergie yang
alors que l’énergie yang produit sans cesse l’essence yin.

Il ne peut y avoir de place pour des troubles
si le yin et le yang se contrôlent mutuellement,
un yin étant plus du domaine de la substance (du dense)
et yang plus du domaine de l’animation et de la vitalité (du subtil).
Par contre, s’il ne peut plus y avoir de réciprocité et d’équilibre,
l’activité naturelle et spontanée de l’homme
est mise en défaut et c’est là qu’apparaît la maladie.

Les maladies vont se répartir en fonction de l’atteinte de l’énergie, du sang, de l’énergie originelle, de l’énergie ancestrale, de l’énergie nourricière, de l’énergie de défense, de l’atteinte des liquides organiques.

Elles se manifesteront différemment selon que l’atteinte sera froid-chaud, humidité-sécheresse.

De toute façon, les modalités premières seront celles :

  • de stagnation de l’énergie, du courant énergétique vital,
  • du reflux de l’énergie dans un
  • sens contraire à son écoulement normal,
  • des accumulations en des zones non aptes à cela,
  • des vides de souffle en des zones où la circulation nécessite une présence permanente.

Parmi les causes dites comportementales, la médecine chinoise décrit les maladies liées aux sept sentiments capitaux qui sont : la joie, la colère, les soucis, la pensée, la tristesse, la peur et la frayeur. Ce sont l’expression des réactions à une perception d’informations transmises par l’environnement. Chacun vit sa peur, sa joie, sa colère en fonction de ce qu’il est.

Ces sept sentiments sont en rapport avec des organes qu leur permettent de s’exprimer mais, en même temps, peuvent être lésés en retour si les perturbations comportementales sont en excès ou en insuffisance. En effet, un excès ou une insuffisance de joie peut nuire au cœur, la colère nuit au foie, les soucis et la pensée nuisent à la rate, la tristesse nuit au poumon, les peurs et les frayeurs peuvent nuire aux reins.

Il n’y a pas de frontière nette entre ce qu’on appelle le psychisme et le somatique, pour la médecine chinoise toutes les maladies sont psychosomatiques. C’est simplement le degré d’atteinte qui fait que le psychique est apparent ou, au contraire, enfoui en profondeur.