L’expire et l’inspire : Hu Xi

Posted on 8 février 2013

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 Marthe Dobiecki Danel partage ce mail écrit par son ami André Serraz

Article « Hu » l’expire,  « Xi » l’inspire

En italique des mots et expressions anciennes taoïstes ajoutés par Ziran.

Dans mon travail de kinésithérapeute pratiquant la méthode Mézières, je me suis penché plus précisément sur la respiration, je suis tombé dedans et je n’en suis jamais ressorti.

En respirant, j’ai trouvé un trésor qu’il me serait agréable de partager avec vous.

Si ce trésor est en moi, il est aussi en vous.

Voici quelques indications simples qui peuvent suffire pour que vous puissiez le découvrir par vous-même, je peux aussi vous donner un coup de main si vous en ressentez le besoin.

Ce trésor est une compagnie apaisante, omniprésente et discrète, un ami depuis plus de trente ans que je le connais. Il me presse et me répète la même chose, il me dit : invite les, je suis en eux depuis leur premier jour et ils ne me connaissent pas,

invite les.

Il est juste de souligner que cet empressement est le sien (le souffle de vie).

Ce travail

C’est un bonheur de partager ce travail, c’est un trésor caché qui aime à être découvert.

Il est très difficile d’en parler, mais avec celui qui en a fait l’expérience, il est plus facile de se risquer à l’évoquer avec des mots.

Avec la vie nous avons tous reçu un compagnon et serviteur précieux : le souffle qui nous accompagne depuis notre premier souffle jusqu’au dernier. Il s’adapte à tout ce que nous faisons, heureusement pour nous, il sait ce qu’il a à faire. Il nous connaît parfaitement bien : il participe à tout : nos émotions, nos joies, nos rires, nos peines, nos pleurs, nos amours, nos efforts, notre repos, et cela tellement discrètement que bien des gens ont dû mourir sans même lui avoir jamais prêté attention.

Dans la pratique de la kinésithérapie, j’ai été amené à me pencher sur la respiration et j’ai découvert un moyen de me mettre à son écoute, son école, d’entrer dans son intimité, et d’aller de surprise en surprise, d’émerveillement en émerveillement.

Oui, être son ami est un trésor, heureux celui qui vit relié à son propre souffle, quel soutien est sa présence pour traverser l’existence !

Depuis que j’ai découvert ce moyen que j’appelle ce travail, l’Ami me dit avec insistance :

Je suis en eux depuis leur premier souffle, et ils ne me connaissent pas !

Invite-les, avec ce travail.

Ce travail est un moyen de faire de ce compagnon discret qu’est la respiration, un ami.

Je voudrais vous présenter cet ami si proche et que pourtant peut-être vous ne connaissez pas bien. Je voudrais vous montrer comment faire silence et tendre l’oreille pour entendre sa voix, accueillir sa sagesse et profiter pleinement de sa précieuse présence.

Une leçon de respiration

Inspirez… soufflez…

Inspirez… laissez souffler…

Comment est votre expire ? Court ou long, silencieux ou bruyant, rapide ou lent, fort ou fin, superficiel ou profond

Comment se termine-t-il ? Progressivement ou d’un coup…

Vous ne pouvez pas tirer dessus pour l’allonger, vous ne pouvez que l’accompagner, jusqu’à ce qu’il s’arrête. Vous ne pouvez pas savoir jusqu’où il va aller. Comme une vague qui déferle sur la plage et qui monte sur le sable, à quel moment va-t-elle repartir ? Observez bien cela.

On regarde avec toute son  attention (yi)

Votre attention d’observateur, contemplation « guan », qui ne précède pas le mouvement, va petit à petit allonger la respiration qui va s’étaler régulièrement, devenir fluide, fine, lente et profonde

Vous avez accompagné votre respiration et elle vous emmène dans des espaces intérieurs que vous découvrez.

Vous sentez le calme qui vous habite et vous êtes arrivé là où tout se fait de soi-même « ziran »

Dans cette sensation de souffle intérieur, cette présence, ce silence, ce vide plein, tout baigne.

C’est un état naturel, simple et complet et là il n’y a plus de manque.

Alors on a envie d’y revenir, d’y rester, on oublie l’inspire, on oublie l’expire, cet abandon est joie, paix, profondeur, totalité, unité, émerveillement, autant de trésors à notre portée quotidiennement, cadeaux du souffle de la vie «Qi »

 

Poser les valises

Pour poser les valises, vous devez d’abord comprendre que vous ne pouvez pas les poser vous-même, ça ne marche pas.

Mais votre respiration peut vous rendre ce service. Elle peut le faire pour vous et voici comment :

Allongez-vous confortablement, bien allongé ou même assis, et observez l’inspire et l’expire et regardez plus précisément comment est la fin de l’expire.

(L’expire qui se laisse faire est vécu profondément alors qu’en gymnastique ce n’est qu’un relâchement des muscles abdominaux).

Si l’expire vous semble court et que la fin de l’expire butte comme sur un obstacle, ne cherchez pas à pousser pour l’allonger, constatez seulement et observez bien si le prochain expire se bloque encore et encore… Si vous êtes simplement observateur, l’expire finit par se débloquer et s’étaler.

Continuez d’observer et votre respiration deviendra de plus naturelle et fluide, il n’y a plus de blocage, c’est le lâcher-prise, « ça baigne », il n’y a plus de valises.

Ce n’est pas vous qui les avez posées, votre volonté ne peut le faire, mais votre attention sans intention l’a fait parce que vous avez simplement observé pour découvrir, pour voir où ça va quand on ne va nulle part. (ou partout, c’est la même chose)

Et là où elle vous emmène quand vous ne la dirigez pas, alors vous êtes devenu non pas le maître du souffle, mais son élève. L’énergie des poumons est appelée chez les taoïstes« le maître des souffles »

Il y a un espace

Il y a un espace à l’intérieur de nous, un espace sacré, un sanctuaire, où il n’y a pas de manque, mais paix profonde et plénitude et je connais un moyen de nous y conduire.

Là tout est « OK », tout est OUI, là on est arrivé parce qu’il n’y a nulle part où aller et rien à rajouter, tout se fait naturellement.

Cet espace peut s’appeler » Amour » et prend soin de nous (en nous ouvrant à L’Energie de la terre et du ciel)

Si tu es fatigué tu seras ragaillardi, si tu en as « plein le dos » tu déposeras ton fardeau.

Si tu souffres tu trouveras le soulagement,  si tu es triste tu retrouveras la joie.

La respiration est un chemin, si tu l’écoutes sans la mener toi-même, elle te mènera comme elle m’y mène chaque fois.

Si tu n’y arrives pas tout seul je peux l’écouter pour toi et ainsi t’accompagner, te montrer ce chemin que je connais bien pour l’avoir beaucoup emprunté et l’emprunter souvent avec un bonheur sans cesse renouvelé.

Joie

Le relâchement « song » amène le calme  «jing» qui amène la joie.

On connaît alors l’Unité intérieure (nous-même) en relation avec l’extérieur (les autres et la nature entière), on y gagne la paix et donc la santé.

Réservé aux fumeurs

Fumer c’est sentir l’air qui rentre et l’air qui sort ; or c’est précisément ce que Bouddha, ainsi que d’autres grands maîtres indiens, conseillaient à leurs disciples.

Respirer consciemment n’est pas une drogue : c’est vivre consciemment, c’est vivre le moment présent, c’est être relié à la vie, c’est sentir l’amour de la vie.

Et quand vous ne fumerez plus saurez-vous encore vous arrêter plusieurs fois par jour goûter l’air qui rentre et l’air qui sort et célébrer le souffle de la Vie qui est en vous ?

Et si vous étiez piégé par la cigarette pour une excellente raison ?

C’est-à- dire que vous ne pouvez pas renoncer aux effets puissants et bien dissimulés de la respiration consciente, sentie, appréciée et qui sont bien cachés dans l’action de fumer.

André Serraz

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